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La sélection à l’université, c’est quoi ?

Communiqué du Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier, affilié à la CNT-SO.

On parle souvent de “sélection” à l’université.  Mais finalement, que signifie concrètement cette “sélection” pour les étudiantes et étudiants ? Qui est sélectionné ? Sur quels critères ? Par qui ?

Le Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM) t’explique tout, point par point.

Principe : 

Dans l’enseignement supérieur, l’accès à l’année supérieure d’étude est conditionnée à la réussite lors de l’année précédente. Cette réussite est soldée par l’obtention d’un diplôme, qui est censé attester des connaissances et compétences acquises précédemment. 

Ainsi l’accès à la première année de Licence est conditionné par l’obtention du diplôme du Baccalauréat, et l’accès à la première année de Master est conditionné à l’obtention du diplôme de Licence.

Problème : 

Depuis 2017, un processus de sélection supplémentaire s’est ajouté en Master, ce qui n’en garantit plus l’accès, même pour celles et ceux qui ont le diplôme de Licence correspondant. Cette sélection en Master a été encore restreinte en 2023 avec la mise en place de la plateforme nationale “MonMaster”.

En 2018, la mise en place de Parcoursup a été un véritable bouleversement : avant 2018, toute personne qui avait un Baccalauréat pouvait librement s’inscrire à l’université. Depuis 2018, des milliers de néo-bacheliers se retrouvent sans aucune affectation en Licence à chaque rentrée de septembre.

Comment ça se passe ?

Le diplôme ne suffit donc plus pour être admis en Master. Et même de bonnes notes en Licence ne garantissent pas l’accès au Master.  A l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, sur 29701 vœux faits en Master 1, seulement 6480 réponses ont été favorables. Cela signifie que seules 21,82% des demandes en Master sont acceptées. 

Quels critères de sélection ?

C’est l’ensemble de la scolarité universitaire qui est prise en compte, ce qui discrimine de façon injuste celles et ceux qui se sont réorientés ou qui ont redoublé. Le droit à l’erreur et la possibilité de construire soi-même son propre parcours, même sinueux, n’existe plus. N’oublions pas aussi que beaucoup d’enseignants mettent de façon arbitraire des “malus” sur les notations du semestre, qui ne sont pas basés sur le niveau, mais sur des appréciations subjectives comme les absences à des TD ou encore la “participation” en cours.

Mais même avec un parcours universitaire sans fautes et des notes élevées, la probabilité d’être refusé en Master est très élevée (on rappelle que seules 21,82% des demandes sont acceptées). Surtout, les étudiants diplômés d’une Licence à l’université Paul-Valéry sont mis en concurrence avec les étudiants de toute la France qui candidatent aussi à l’université Paul-Valéry. De plus, certains autres critères discriminants entrent en jeu, comme les établissements scolaires d’origine (lycée, université). Pire, une étude nationale de l’ONDES (Observatoire National des Discriminations et de l’Égalité dans le Supérieur) datant de 2023 a démontré une discrimination généralisée basée sur l’origine supposée des candidates et candidats à l’entrée Master : les étudiantes et étudiants avec des noms à consonnance maghrébine et subsaharienne ont 12% de chances en moins d’obtenir une réponse que les autres étudiantes et étudiants.

Il s’agit ici bien souvent d’une logique élitiste : les personnes issues de milieux favorisés économiquement ou administrativement seront toujours prises en priorité. L’université assume ici, et de façon de plus en plus exacerbée, un rôle de reproduction sociale et non l’ambition officielle “d’ascenseur social”. 

La valeur du diplôme ?

Souvent, lorsqu’on parle de sélection à l’université, la notion de “valeur du diplôme” fait son apparition dans le débat. Nous rappelons un fait simple : la valeur d’un cursus universitaire et du diplôme correspondant n’est pas lié au nombre de personnes diplômées, mais à la qualité des enseignements. Un Master avec 10 places mais avec des enseignements médiocres donnera toujours un diplôme avec moins de “valeur” qu’un Master avec 100 places et des enseignements de qualité.

De plus, l’ajout d’une sélection à l’entrée de la Licence et du Master a pour effet de dévaloriser les diplômes du Baccalauréat et de la Licence. En effet, si une nouvelle sélection est appliquée en plus de ces deux diplômes, c’est qu’au final les enseignants qui gèrent cette sélection considèrent qu’ils ne valent rien. Par effet domino cela entraîne donc une dévalorisation de l’image de ces diplômes, et donc une perte de valeur dans le monde professionnel. Qui va avoir confiance en une Licence, si même l’université qui enseigne cette Licence n’a pas confiance en ce diplôme ?

Qui décide ?

Depuis les dernières réformes gouvernementales, les critères de sélection et le nombre de places dans chaque formations sont décidés au sein même de chaque université par les enseignants. Ce sont ces derniers qui décident quels étudiantes et étudiants ils acceptent ou refusent. Et ce sont eux qui font remonter aux instances de l’université les critères de refus ainsi que le nombre de places qu’ils veulent dans les Master qu’ils dirigent. Ensuite, ce sont les instances de l’université, en majorité composées d’enseignants et de personnels, qui votent ces différentes modalités : le Conseil des Etudes/Formation et de la Vie Universitaire (CEVU/CFVU) et le Conseil d’Administration (CA). 

L’ironie et la cruauté de la sélection en Master réside aussi dans ce fait : ce sont les enseignants qui rejettent de l’université leurs propres étudiants, à qui ils avaient pourtant donné le diplôme de Licence.

Quelles conséquences ?

Lorsqu’on est refusé en Licence ou Master, les conséquences sont réelles et très importantes. Les étudiantes et étudiants refusés se retrouvent “sans-fac”, donc sans inscription et sans possibilité de continuer leur cursus. Ils ne peuvent donc plus préparer et passer le diplôme supérieur. Comme ils ont perdu leur statut étudiant, ils perdent ainsi tous leurs droits à bénéficier d’une bourse, d’aides ponctuelles du CROUS et même d’un logement en cité universitaire. Pour les étudiantes et étudiants internationaux, la perte du statut étudiant entraîne la perte du visa d’étude. Ils se retrouvent ainsi expulsés dans leur pays d’origine, sans avoir pu préparer le diplôme pour lequel ils étaient venus.

D’un point de vue plus large, dans un contexte de précarisation du marché du travail, lorsque des étudiantes et étudiants sont privés de la possibilité de préparer un diplôme, ils se retrouveront encore moins outillés pour leur insertion professionnelle. La sélection apparaît ici comme un outil d’appauvrissement des futurs salariées et salariés.

Comment agir ?

D’un point de vue individuel, face à une mise en compétition de tous contre tous qui ne bénéficiera au final à quasiment personne, il apparaît important de favoriser l’entraide : partage de cours, travail en groupe et bienveillance.

Mais les techniques individuelles ne pourront pas régler le problème collectif que pose la sélection à l’université. Si on veut que le Baccalauréat puisse redonner accès à l’université, et que le diplôme de Licence puisse enfin redonner accès au Master correspondant, la solution est donc collective. C’est pour cela que des étudiantes et étudiantes ont créé le Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM). L’objectif est de ne pas rester isolés, et d’arriver à obtenir des avancées qui bénéficient à toutes et tous. Ainsi, chaque année, par les mobilisations, le SCUM parvient à obtenir l’inscription de nombreux “sans-fac” dans le cursus de leur choix. Le syndicat obtient aussi régulièrement des hausses de places dans certaines Licences et Master dans les instances où il a des élus

La seule garantie pour qu’un maximum d’étudiantes et d’étudiants conservent la possibilité de poursuivre leurs études, c’est l’investissement de toutes et tous dans les mobilisations gagnantes appelées par le syndicat, et aussi en complément le vote pour les représentants des listes SCUM-Super Chatons Ultra Mignons dans les différentes instances universitaires.

Ensemble, faisons reculer la sélection sociale et luttons pour notre droit à un avenir !

Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier – SCUM
syndicat.scum@live.fr 

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L’École publique et la jeunesse dans le viseur de Macron : mobilisons-nous pour une École égalitaire et émancipatrice !

Notre organisation syndicale se réclamant de la tradition du mouvement ouvrier internationaliste, antimilitariste et révolutionnaire, nous ne pouvons que condamner le discours du président Macron du mardi 16 janvier 2024. 

Le concept de « réarmement », martial et autoritaire, est répété jusqu’à la nausée. Il est le support d’une politique nataliste, conservatrice et glaçante. Ce « réarmement » sinistre est aussi appliqué à l’éducation pour laquelle Macron enfonce le clou des annonces précédentes. Pour la jeunesse, ce sera :  Marseillaise dès le Primaire, généralisation envisagée de l’uniforme et du Service National Universel, doublement des heures « d’instruction civique » (sic) aux relents patriotiques. Côté pédagogique, le seul horizon reste les groupes de niveaux au collège et le « choc des savoirs »…. (voir nos communiqués ici et ici). Pour faire bonne mesure, on nous sort du chapeau une injonction au théâtre, pour jouer… des saynètes du Puy-du-Fou ? 

Tout cela sent le rance et la vieille France et ne fait que confirmer ce que nous dénonçons depuis un certain temps. Le gouvernement fait de l’affichage politicien, pour flatter l’électorat réactionnaire, mais ne propose aucune solution aux problèmes rencontrés parles travailleur·euses et usager·ères du système éducatif.

Pour mettre en musique cette politique droitière, Macron mise toujours sur Oudéa-Castéra. Questionné sur la polémique visant la ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, le président a pris sa défense renvoyant l’affaire à un soit-disant choix personnel. Pourtant scolariser ses enfants dans un établissement privé intégriste et cracher sur l’école publique dès sa première intervention à la tête du ministère ne relève pas tant de la vie privée que de choix politiques et sociaux significatifs  (voir notre communiqué)

Le discours réactionnaire d’Emmanuel Macron, martial et creux ne fait qu’accabler une profession à bout. Le service public d’enseignement ne tient que grâce aux personnels.

Évidemment rien de concret sur les conditions de travail des enseignant·es mais la promesse de « repenser la formation », sans même un mot pour les autres personnels d’éducation. Ce n’est pas la promesse managériale d’une rémunération des fonctionnaires au mérite qui va nous satisfaire. Nous l’avons encore montré avec le refus massif du Pacte. 

Nous n’attendons pas un « réarmement » ! Nous attendons des conditions de travail, d’enseignement et d’accueil dignes pour les élèves et leurs familles, que seuls des moyens humains et matériels supplémentaires permettront. Nous revendiquons, un plan d’urgence : créations de postes d’enseignant·es, d’AESH, de personnels de vie scolaire, de personnels médicaux-sociaux, baisse des effectifs par classe et investissement dans la rénovation du bâti, constructions d’établissements, équipement informatique… Il faut se donner les moyens d’une école plus égalitaire, émancipatrice et réellement inclusive.

Pour y parvenir et gagner sur nos revendications, commençons par réussir la grève du 1er février, première étape d’un mouvement qui se doit d’être massif. DÉSARMONS-LES ! (voir notre communiqué).

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Expérimentation de l’uniforme à l’école : encore un gadget réactionnaire du ministre !

Après ses propositions du « Choc des Savoirs » pour lesquelles il est allé puiser dans les programmes de la droite et de l’extrême droite, le ministre poursuit sa fuite en avant réactionnaire en proposant une expérimentation de l’uniforme à l’École. Après avoir pilonné le collège unique (qu’il renomme d’ailleurs « collège uniforme ») toute la semaine, voilà que Gabriel Attal ressort le marronnier du conservatisme.

Masquer les inégalités ?

Ne nous laissons pas berner par ce type de proposition, la lutte contre les inégalités est souvent l’argument utilisé par les conservateurs. Pourtant, ce gouvernement applique une politique qui creuse sans interruption les inégalités, il s’agit donc d’une « mesure paravent » pour les masquer et envoyer toujours davantage de clins d’œil à l’extrême droite. Si le classement Pisa possède une vertu, c’est celle de démontrer que notre école brille par sa grande capacité à trier les élèves en fonction de leurs classes sociales. Aussi, pour lutter vraiment contre les inégalités, battons nous pour un vrai plan d’urgence et une véritable politique d’éducation prioritaire : donnons plus à celles et ceux qui ont toujours moins !

Une mise au pas de la jeunesse

Par cette proposition le ministre montre également une volonté d’enrégimenter une jeunesse qui n’a pourtant rien demandé. Tout cela fait écho au Service National Universel, singeant l’ancien service militaire, que le gouvernement désire rendre obligatoire. Pour l’instant il n’y aurait que des pantalons, polos et pulls de prévus, cela interroge sur l’absence de jupe ou de robe et les normes de genre imposées.  A l’âge où les personnalités se forgent et où beaucoup de jeunes construisent leur individualité, le gouvernement montre un visage violent et réactionnaire pour satisfaire un électorat bourgeois vieillissant et nostalgique d’une France mythifiée (non l’uniforme n’a jamais existé en France !). On peut d’ailleurs s’interroger sur la suite : si les élèves doivent porter un uniforme pourquoi on n’obligerait pas les personnels à faire de même ?

Ce que prévoit Gabriel Attal

La dite expérimentation doit débuter en septembre 2024 et concernera les collectivités se portant volontaires (on peut s’attendre à celles dirigées par la droite et l’extrême droite). Ces expérimentations votées en conseil d’administration et en conseil des écoles (ou pas !) seront limitées car une partie sera financée par l’État et l’autre par les collectivités, tout le monde va donc payer ce délire conservateur par l’impôt. 

Selon des études américaines, l’uniforme scolaire n’aurait pas d’impact réel sur l’assiduité des élèves ou le climat scolaire. La classe sociale se voit toujours, dans l’usure des uniformes ou pas. Les familles, en premier lieu les femmes avec les inégalités de genre, seront impactées car il faudra organiser la gestion de ce linge (lessives…)  Le ministre assure que l’expérimentation sera suivie par une « commission scientifique », on peut s’interroger sur son rôle, sa composition et ses méthodes. Nous ne sommes pas dupes, l’évaluation sera sans doute une vraie mascarade.

Contre l’uniformisation de la jeunesse, commençons immédiatement à nous mobiliser :

– Servons-nous des instances (conseils d’administration, conseil d’école) pour montrer notre opposition

– Commençons dès maintenant à élaborer notre argumentaire pour convaincre nos collègues

Toutes et tous ensemble, élèves, personnels et parents d’élèves, refusons l’uniforme !

Notre école n’est pas celle de la soumission ni de l’obéissance, ni de la mise au pas mais celle de l’émancipation et de l’épanouissement individuel et collectif. Pour une école égalitaire et démocratique, nous refusons une jeunesse uniforme !

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« Choc des savoirs » – École d’Attal : école du tri social !

Le 5 décembre, Gabriel Attal a annoncé des mesures pour la rentrée 2024, puis 2025. Ces mesures dites « choc des savoirs » sont violentes pour les élèves et pour les personnels : elles attaquent la promesse d’une transformation sociale, le principe de l’égalité du collège pour tous et toutes ainsi que la démocratisation scolaire. 

 Une contre-réforme électoraliste

Après des années de contre-réformes et de coupes budgétaires contre le service public d’enseignement, il est évident que celui-ci ne peut qu’être fragilisé. Ce sont les politiques libérales qui sont évaluées par les tests divers et variés et qui montrent leur échec. Gabriel Attal choisit donc de détruire davantage l’école. Derrière ces mesures dites « Choc des savoirs », ce sont des suppressions d’heures et de postes qui sont à venir comme les précédentes réformes. Il est aussi à prévoir une uniformisation des pratiques, une perte de la liberté pédagogique. Cette contre-réforme du collège d’Attal, à rebours des besoins actuels de l’école publique, est un signal électoraliste pour séduire la droite et l’extrême-droite qui saluent d’ores et déjà ce projet réactionnaire, proche du leur. 

 Une attaque contre l’école égalitaire    

Ce qu’impose le ministre ne correspond pas du tout aux besoins du collège pour tous et toutes (ni du lycée général du lycée professionnel et de l’école primaire concernés au dernier moment). La mesure phare du ministre sont les groupes de niveaux dits « flexibles » en français et en mathématiques tout au long du collège. Il ne s’agit pas de groupes de remédiation mais de remise en cause du groupe-classe.  Déjà expérimenté au lycée de façon catastrophique, l’éclatement du groupe-classe augmente la solitude des enseignant.es qui n’auront plus d’équipe pédagogique et accentue aussi celle des élèves, sans groupe classe de référence.  Ces groupes de niveaux accentueront les inégalités scolaires et le déterminisme social, comme largement démontré dans les recherches et études officielles. Ces groupes de niveaux ne marchent pas et on le sait ! En effet les groupes de niveaux découragent les plus faibles et déclenche la compétition mortifère pour les « bons » élèves en accentuant la pression. Au lycée la disparition du groupe-classe a montré sa maltraitance envers élèves et enseignant·es. 

Il n’y a aucun lieu de se réjouir de ces mesures du « Choc des savoirs » : ces mesures sont un mépris pour les élèves les plus éloignés de la scolarité par leur milieu social, et rejettent encore davantage les classes populaires vers leur assignation sociale. Comme les parcours seront individualisés, les compétences sociales évaluées, chacun et chacune sera cruellement responsable de sa réussite ou de son échec.  

Et pour en rajouter à l’échec de la réforme du lycée par Blanquer, le ministre Attal veut créer une épreuve anticipée de mathématiques en première, ce qui supprimera des heures en terminales et stressera encore davantage les élèves et enseignant.es. Le ministre fait des effets d’annonce démagogiques comme les manuels labellisés supposément garants de qualité ou la remise en cause du correctif académique, mis en place par Blanquer lui-même pour le bac, ce qui ne changera pas la nécessaire harmonisation pour le bac et le brevet. 

Le choc du mépris

 Ces mesures sont méprisantes car elles laissent à penser, par la formule « le choc des savoirs », que jusqu’à présent, les programmes n’étaient pas exigeants. De bout en bout ce sont des mesures autoritaires et rétrogrades : les langues vivantes et leur enseignement sont décriées par le ministre et sont par exemple soumises à des contraintes de contenus rigides, tout comme les mathématiques avec la méthode dite « Singapour », pays renommé pour la pression scolaire et sociale sur ses élèves qui pousse certain.es au suicide.  L’école primaire serait aussi assujettie à des manuels standardisés et aseptisés. Les mathématiques et les fractions enseignées encore plus tôt, mettront en difficulté les élèves et les personnels enseignants.  

Des conditions de travail dégradées, un collège abimé    

Les groupes de niveaux, tels que prévus par le ministre rappelle les classes de niveaux d’avant 1975 et vont se heurter à la réalité de terrain : Il est certain que ces groupes se feront à moyens constants, seront rigides et figés. Il sera trop compliqué de faire passer les élèves d’un groupe à l’autre. C’est méconnaitre le fonctionnement d’un établissement scolaire. Il risque de plus d’y avoir un reploiement des heures postes. Le ministre décrète créer des milliers de postes…or il en supprime par ailleurs 2000, et les concours ne recrutent plus. Les heures nécessaires à plus de groupes seront prises sur la marge horaire de l’établissement aux autres disciplines comme les sciences, les langues, la technologie. Des matières deviendront optionnelles pour les élèves en difficulté qui feraient davantage de français et de mathématiques, sabrant la culture générale et polytechnique nécessaires à tous et toutes. Des heures en arts plastiques, éducation musicale, EPS seraient alors supprimées. Toutes les matières seront en fait impactées. Le collège se trouverait désorganisé et les personnels mis en concurrence car les groupes de niveaux et les marges horaires vont être des enjeux de pouvoir dans les équipes et pour les directions. Ces dernières vont se retrouver avec des emplois du temps infaisables comme au lycée.  

Le collège à deux vitesses pour une société à deux vitesses     

Un groupe-classe pour bien fonctionner doit être hétérogène avec une émulation entre élèves qui est essentielle et une mixité sociale garante de tolérance. Or le collège sera au rabais pour certain·es et c’est scandaleux de réduire le collège aux fondamentaux pour les élèves les plus en difficulté : va-t-on vers un retour au certificat d’études avec une sortie du système scolaire à 14-15 ans ?  Certaines mesures en appellent pourtant supposément à la modernité comme le recours à l’intelligence artificielle or, c’est un blanc-seing donné aux entreprises et lobbies privés. C’est également une honte que le ministre estime que l’IA puisse servir de remédiation, c’est leurrer les élèves et leur famille et c’est cautionner l’idée que des professeurs puissent être remplacé.es par des algorithmes.  Et quid de la santé des élèves, toujours plus exposés aux écrans ?  

Les parents risquent de déchanter quand leur enfant ne sera pas dans le groupe de niveau escompté et seront tentés d’influencer les enseignant.es ou les directions. Ce système laissera de côté les parents et leurs enfants peu en connivence avec le système scolaire. 

Le décrochage institutionnalisé et des classes ghetto

Le brevet deviendrait une condition pour passer au lycée, ce qui pose question de la place dans les classes pour les redoublant.es l’année suivante, ou de classes prépa lycée qui seraient créées en lycée pour 10 à 20 % des élèves de 3ème, sans parler du risque de décrochage. Est-ce à dire que c’est un calcul cynique du ministre de laisser de côté sciemment des jeunes ? La logique répressive poussera ensuite l’Etat à stigmatiser et punir ces familles de décrocheurs et décrocheuses, famille souvent monoparentale d’ailleurs. Le redoublement n’arrangera rien et cette mesure a largement montré son échec. En tout cas cela n’apaisera en rien un climat social déjà tendu et dégradé. De même l’inclusion tant vantée par Blanquer prend l’eau et devient un projet d’exclusion avec Attal. On peut se demander s’il n’y aura pas des groupes de niveaux profilés  » élèves en situation de handicap »… sans AESH puisque supposément en petits effectifs. De toutes façon, il y aura des classes « ghetto » et une relégation sociale qui accentuera les discriminations et tous les stéréotypes qui les nourrissent.  Ce projet est inégalitaire et violent.  

Gabriel Attal poursuit la casse du lycée professionnel 

Au niveau du lycée professionnel, le « choc des savoirs » c’est moins d’enseignements et moins d’école pour les élèves. C’est plutôt « le choc de moins de savoirs » ! Au programme, c’est une année de terminale Bac Pro complètement désorganisée, avec des parcours différenciés, une augmentation artificielle des cours, car l’année s’effectuera sur 22 semaines et non plus 26. Le français et les mathématiques seraient enseignés en groupes à effectifs réduits, mais à moyens constants évidemment. Les personnels de la voie professionnelle seront d’ailleurs en grève le 12 décembre pour dénoncer ces dernières mesures, et de manière générale l’ensemble des attaques contre la voie professionnelle (menace sur le statut, soumission aux intérêts du patronat, menace sur certaines filières… voir notre appel sur notre site). 

Un projet d’école du tri scolaire et social à combattre    

Il n’y a aucun lieu de se réjouir de ces mesures du « Choc des savoirs » : ces mesures sont un mépris pour les élèves les plus éloignés de la scolarité par leur milieu social, pour rejeter encore davantage les classes populaires vers leur assignation sociale. Comme les parcours seront individualisés, chacun et chacune sera responsable de sa réussite ou de son échec.  

Nos élèves et les personnels d’enseignement ont besoin de mieux, de plus mais surtout d’une école où les personnels sont revalorisés et où les usager·ères sont considéré·es. C’est une école du tri et de la sélection qui se dessine là, une école sélective, l’école d’Attal c’est l’école du capital. 

Prenons en main notre outil de travail et refusons de nous laisser imposer ces mesures anti-pédagogiques, méprisantes et autoritaires !

Refusons la casse du collège pour toutes et tous, refusons la casse du lycée professionnel, refusons la mise au pas. Mobilisons-nous pour un plan d’urgence pour l’école et construisons un mouvement massif et unitaire de grève. 

 Opposons au projet Attal « le choc de la lutte » !

 

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Le lycée professionnel encore et toujours dans le viseur : défendons-le, toutes et tous en grève le 12 décembre !

Le gouvernement souhaite que le lycée professionnel accompagne « mieux chaque élève dans la réussite de son diplôme mais aussi de son avenir ». En réalité, ce qui se poursuit c’est la casse en règle du lycée professionnel. La CNT-SO soutient l’appel de l’intersyndicale nationale de la voie pro et appelle les personnels à être massivement en grève le 12 décembre, ainsi qu’à préparer la suite du mouvement.

Un projet d’organisation de l’année de terminale bac inacceptable…

L’« organisation » (sic) prévue par le ministère serait désastreuse. Le parcours commun s’arrête à mi-mai avec 22 semaines de cours et non plus 26 comme aujourd’hui ; 6 semaines de stage. De mi-mai à juillet : individualisation des parcours avec d’un côté 6 semaines de stage en plus pour ceux·celles « souhaitant s’insérer dans l’emploi directement », de l’autre côté 6 semaines pour préparer à la poursuite d’étude, avec de la méthodologie ou encore le renforcement de compétences psychosociales… Carole Grandjean l’assure, le dispositif sera « flexible ». Un élève qui changerait d’avis pourra basculer d’un parcours à l’autre. Les élèves passeront leurs épreuves en mai sauf l’épreuve de Prévention Santé Environnement et l’oral de chef-d’œuvre passées fin juin. Les élèves du parcours stage en entreprise passeraient donc ces épreuves sans révision.

La ministre souhaite mettre le paquet sur les savoirs prétendus « fondamentaux » (français et mathématiques). Ils seraient en augmentation de 10 % mais à moyens constants évidemment… Attention arnaque : d’après C. Grandjean les élèves de terminale auraient « 1 heure et demie de cours en plus par semaine » ; ce qu’elle oublie de préciser c’est que cette « augmentation » d’1h30 est artificielle car effectuée sur 22 semaines et pas sur 26 comme actuellement. Ce que propose le ministère, c’est à nouveau une diminution des enseignements : encore moins d’école pour les élèves les plus fragiles au niveau scolaire.

tout comme l’ensemble des attaques contre la voie professionnelle !

Si le gouvernement souhaite accélérer les choses concernant la mesure 4 (organisation de l’année de terminale bac), nous rappelons que c’est sur l’ensemble de la « réforme » de la voie pro qu’il faut faire reculer le gouvernement ! Les 12 mesures (arnaque de l’enseignement des savoirs prétendus « fondamentaux » en groupes réduits sans financement sur la DGH, bureau des entreprises, gratification des stages…) visent à casser le lycée pro et le statut des personnels ! 12 mesures dont certaines ne sont applicables qu’avec le concours de signatures de pactes…

Le gouvernement a pour objectif pour 2026 la fermeture de 15% des places de formation actuelles décrétées « non-insérantes » et poursuit ainsi son désir de soumission du lycée pro aux intérêts des patronats locaux. Les élèves sont considéré·es comme de la simple chair à patron. Le gouvernement assume avec cynisme sa rupture avec le projet égalitaire de l’institution : le LP comme lieu d’émancipation des enfants de la classe ouvrière, avec possibilités de choix de formation, de poursuite d’étude. Du côté des personnels : plans sociaux à craindre ! En effet : diminution du volume d’enseignement + fermeture de filières = des postes en moins… Depuis une dizaine d’années les personnels de LP sont en insécurité permanente (sortie de l’éducation prioritaire pour certains établissements, réforme Blanquer, réforme Grandjean…) : les enseignant·es se sentent peu à peu privé·es du sens de leur métier.

La mobilisation avait été historique l’an passé et Grandjean avait reculé. La ministre vient de rétropédaler sur les épreuves : il y a encore peu, elles étaient prévues pour le mois de mars. Soyons à la hauteur des enjeux : la grève du 12 doit être massive ! Défendons une autre vision de la voie professionnelle ! Défendons nos statuts ! Soyons toutes et tous en grève le 12 décembre et, en HIS et dans les assemblées générales, préparons la suite du mouvement !

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Aides et droits Droits syndicaux : demande d'ASA, préavis de grève locale etc.

Droits syndicaux

Vous trouverez ici :

  • un modèle de demande d’ASA (autorisation spéciale d’absence)
  • un modèle de dépôt d’HIS (heure d’information syndicale)
  • un modèle d’appel pour une HIS à destination des personnels
  • un modèle de préavis de grève locale pour le second degré

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Lycée pro – Projet d’organisation de la terminale bac pro : attention danger !

Le ministère vient de dévoiler un projet d’organisation pour la terminale bac pro à compter de la prochaine rentrée. Rien de nouveau : c’est une énième attaque en règle contre le lycée pro, ses élèves et ses personnels.

L’organisation prévue par le ministère

En terminale le parcours en commun stopperait dès le mois de mars. Pas de PFMP (Période de Formation en Milieu Professionnel) sur cette période mais les élèves passeront les épreuves des disciplines en CCF (Contrôle en cours de Formation, qui concerne les maths-sciences, LV1 et LV2, arts appliqués, EPS). En mars le ministère impose ce sur quoi il vient de renoncer pour le lycée général et technique : les épreuves anticipées (épreuves ponctuelles de français, histoire-géo-emc, éco-gestion, éco-droit).

Les élèves auraient 6 semaines de PFMP d’avril à mai. Ils passeraient en suite les épreuves ponctuelles en enseignement professionnel, ainsi que les derniers CCF de ces disciplines.

L’individualisation des parcours avec au choix sur la période mai-juin : un parcours PFMP (6 semaines supplémentaires) ou un parcours poursuite d’études (travail sur les compétences psychosociales, consolidation des fondamentaux, méthodologie).

Début juillet, les élèves passeraient l’oral du chef-d’œuvre et les épreuves de PSE.

Des conséquences néfastes pour les élèves…

Ce que propose le ministère, c’est à nouveau une diminution des enseignements ! Avec la gratification des PFMP, on peut logiquement imaginer qu’une majorité d’élèves choisirait le parcours insertion professionnelle avec les 6 semaines de PFMP supplémentaires. A nouveau c’est moins d’école pour les élèves les plus fragiles scolairement. C’est une perte de savoirs et de savoir-faire pour des élèves majoritairement issu·es de milieux défavorisés qui se voient encore davantage assigné·es aux études courtes sans possibilité de poursuite ou de reprise future d’études supérieures.

Eloigné·es du lycée avec stages d’avril à mai, accolés à des vacances scolaires, les élèves passeraient leurs épreuves professionnelles sans préparation. Ils passeraient leurs oraux de chef-d’œuvre et l’épreuve de PSE en juillet alors que les cours auraient cessé en mars… On ne pourrait pas faire mieux pour accentuer le décrochage scolaire et entraîner une baisse de la réussite aux examens…

et pour les personnels !

La période d’avril à mai ressemblerait à un véritable calvaire pour les personnels devant certifier à tour de bras les élèves des LP, ceux·celles des CFA, tout en assurant le suivi et en évaluant les élèves en PFMP. Concernant la grille horaire, le ministère souhaite augmenter le volume annuel de certaines disciplines (français, maths, histoire-géo-emc), mais au final il s’agirait de déshabiller Pierre pour habiller Paul.

Calendrier bouleversé, individualisation des parcours des élèves… C’est à nouveau l’annualisation du temps de travail des PLP qui apparaît à l’horizon.

Organisons la riposte !

Alignement de l’offre de formation sur les besoins du patronat local, toujours plus d’entreprise comme solution aux problèmes… Le lycée pro est dans le viseur : défendons-le ! Le gouvernement assume avec cynisme sa rupture avec le projet égalitaire de l’institution : le LP comme lieu d’émancipation des enfants de la classe ouvrière, avec possibilités de choix de formation, de poursuite d’étude. Côté personnels : véritables plan sociaux en perspective avec la fermeture de filières, reconversions forcées, attaque sur le statut et annualisation…

Mobilisons-nous pour obtenir l’abrogation des contre-réformes scolaires de l’ère Macron et celle de Parcoursup, pour obtenir des moyens matériels et humains, pour la hausse des salaires de l’ensemble des personnels, une hausse non conditionnée à des tâches supplémentaires !

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Pour un vendredi 13 qui fasse vraiment peur au patronat et à l’État !

Ce vendredi 13 octobre, l’intersyndicale appelle à une journée de mobilisation et de manifestation partout en France. La CNT-SO ne relaiera pas cet appel qui ne nous semble pas être à la hauteur des enjeux actuels pour les travailleur·euses. 

Pourtant l’urgence sociale est bien là ! 

Les travailleur·euses sont toujours aussi lourdement impacté·es par l’inflation et la vie chère (alimentation, énergie, logement…). Les salaires ne suivent pas : dans le privé où les minimas de nombreuses conventions sont perpétuellement rattrapés par le SMIC ; dans le public où la revalorisation du point d’indice cet été, reste toujours nettement en dessous de l’inflation.

Au contraire, les français les plus fortunés ont considérablement augmenté leurs richesses. Les cours boursiers, les profits des entreprises et dividendes des actionnaires sont en hausse record.

Ce n’est pas simplement une question de « pouvoir d’achat » mais de répartition égalitaire des richesses. Ces masses d’argent, c’est l’exploitation de notre travail qui les a produites, elles doivent revenir aux travailleur·euses ! Dans l’immédiat elles doivent servir à l’augmentation générale des salaires ! Cela doit aussi concerner la part socialisée (le brut) alors que nous venons de subir une nouvelle régression majeure sur la protection sociale avec la retraite à 64 ans et que de nouvelles régressions se profilent : restrictions sur les droits à l’assurance chômage, travail gratuit imposé aux bénéficiaires du RSA, baisse de prise en charge par la Sécu….

Depuis des années, la sphère patronale et actionnariale est subventionnée par l’argent public (exonérations de cotisations sociales ou fiscales, aides…). Ces politiques doivent cesser pour permettre de sortir les services publics des logiques d’austérité et revaloriser leurs agent·es.

Construire les conditions du rapport de force

Pour inverser le rapport de force défavorable aux travailleur·euses, il faut savoir se remettre en question et réfléchir à de nouvelles stratégies. Ce n’est pas ce que fait l’intersyndicale avec l’appel à une journée isolée de témoignage et sans grève massive, la veille du week-end. La radicalisation du pouvoir nous a montré que la solution n’est pas non plus dans la reprise du « dialogue social » qui n’est là que pour amuser la galerie.

Résister est possible ! Malgré ses limites, le mouvement des retraites nous a montré que l’on pouvait faire vaciller ce pouvoir fragile. Ces derniers mois, nous avons aussi vu le patronat reculer face aux luttes locales (salaires, emplois…). Nous ne serons fort·es que collectivement : cela passe par une re-syndicalisation massive et l’ancrage de l’auto-organisation partout dans nos lieux de travail. 

Ce travail de terrain doit être l’objectif de notre classe pour les mois à venir. Dans nos entreprises ou services, multiplions les conflits pour nos conditions de travail et pour nos salaires. Fédérons nos luttes et auto-organisons-nous à la base pour faire monter un mouvement social avec un seul cap : la répartition égalitaire des richesses et du travail.

Avec la CNT-SO, on revendique :

  • Une hausse générale des salaires avec échelle mobile en proportion du SMIC revalorisé.
  • Une hausse des pensions et minimas sociaux indexée sur l’inflation. Une hausse du point d’indice de la fonction publique à hauteur de l’inflation et la revalorisation des grilles indiciaires. Le plafonnement des hauts salaires.
  • La diminution du temps de travail, à salaire égal.
  • L’arrêt des politiques, notamment fiscales, au bénéfice des plus riches et des entreprises.
  • L’État d’urgence social : blocage des loyers, des prix des produits de 1ère nécessité et des factures énergétiques.
  • L’abandon de la réforme des retraites 2023 et de toutes les contre-réformes depuis 1993

Nos galères ne viennent pas de nulle part, elles sont le fruit du système économique capitaliste, prédateur et inégalitaire. Notre classe doit s’en émanciper en défendant un projet de transformation sociale égalitaire et autogestionnaire.

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La voie pro dans le viseur, défendons-la !

Cette année scolaire sera décisive pour l’avenir du lycée professionnel. C’est tout simplement l’existence de l’enseignement public professionnel qui est menacé. Pour le président Macron, (et pour d’autres, voir le rapport accablant pondu dernièrement par l’entourage de Valérie Pécresse qui se positionne sur un programme de régionalisation encore plus libéral et un LP inféodé au patronat), la difficulté d’embauche pour les jeunes c’est la faute du lycée professionnel et son organisation. La solution aux problèmes ? L’entreprise, toujours plus d’entreprise…

Côté (dégradation des) conditions de travail, les fameux pactes ont été proposés aux personnels. Même si le ministère a reculé sur l’insécabilité du pacte en LP, nous continuons de dénoncer cette politique du « travailler plus pour gagner plus ». Le pacte représente également le bras armé de la réforme mortifère de la voie pro : les missions supplémentaires sont en lien direct avec la « Transformation » de la voie pro. Le pacte c’est la dégradation de nos conditions de travail, la casse des enseignements et de la solidarité entre les collègues. Refusons-le !

Sensée lutter contre le décrochage scolaire, la rémunération des PFMP (les « stages ») sera à la charge de l’État. Le patronat n’aura donc pas à mettre la main à la poche : c’est tout bénef ! Pour les élèves en première année de CAP 2 ans le forfait journalier s’élève à 10 € pour un montant annuel maximum de 350 €, pour un élève de terminale Bac Pro le forfait journalier s’élève à 20 € pour un montant annuel maximum de 800 €. Rappelons que les PFMP sont des périodes de formation et non pas des périodes de travail ! Nous pouvons aussi affirmer que le gouvernement crée une nouvelle catégorie de sous-travailleur·euses pauvres, payé·es 1,4 € l’heure. En marche vers la casses des salaires !

Le Bureau des Entreprises fait également son apparition cette année. On retrouve à nouveau le mantra du gouvernement, « renforcer le lien avec le monde de l’entreprise ». Le BDE pose plusieurs problèmes : recrutement extérieur, flou des missions, empiètement sur les missions du DDFPT et de leurs adjoint·es, risque d’ingérence dans le pédagogique, financement qui repose sur un montage qui s’apparente à du bricolage…

Le 19 septembre, la secrétaire d’État chargée de la jeunesse et du Service national Universel l’a réaffirmé par voie médiatique : le SNU doit devenir « un passage républicain pour toute une génération ». La Macronie veut toujours généraliser le SNU ! Dès cette rentrée, le ministère lance les labels « classes et lycées engagés » avec des appels à candidature jusqu’au 20 octobre. Ce label sera attribué, après examen par des commissions académiques, à des classes de seconde et de première année de CAP. On manque de moyens humains et matériels pour nos élèves mais le gouvernement est prêt à débourser 2 milliards par an pour le SNU ! Pour la CNT-SO,ce projet vise clairement une militarisation rampante de la société et la promotion d’une idéologie « réac-publicaine » chez les jeunes. Avec le SNU on est loin des classes vertes : salut au drapeau, uniforme, marche au pas, bourrage de crâne… Rappelons que ces séjours sont régulièrement épinglés pour leur caractère maltraitant pour les jeunes : encadrement défaillant, accidents, traitements dégradants… Refusons cette politique militariste ! Non au SNU ! Oui à l’éducation à la paix !

Parmi les points qui n’ont pas pu être appliqués à partir de cette anneé mais qui vont entrer en vigueur à partir de la prochaine rentrée figure l’augmentation des PFMP de 50 % pour les élèves de Terminale qui ne souhaitent pas poursuivre après le diplome. A moins de bouleverser, le reste de l’année, les obligations de service des personnels et le volume hebdomadaire de cours, les enseignements vont diminuer, rendant caducs les référentiels actuels. C’est une perte de savoirs et de savoir-faire pour des élèves majoritairement issu·es de milieux défavorisés qui se voient encore davantage assigné·es aux études courtes sans possibilité de poursuite ou de reprise future d’études supérieures.

Nous rappelons également que le ministère souhaite faire passer certaines épreuves du bac pro plus tôt dans l’année. On a observé les effets catastrophiques d’une telle mesure dans les voies générale et technologique il y a quelques temps. Alors que la lutte contre le décrochage scolaire est censée être une priorité, bonne idée…

Organisons la riposte ! Le gouvernement vise à terme la casse totale de l’enseignement public professionnel avec sa « Transformation ». En alignant l’offre de formation sur les besoins du patronats locaux, on transforme nos élèves en simple chair à patron. Le gouvernement assume avec cynisme sa rupture avec le projet égalitaire de l’institution : le LP comme lieu d’émancipation des enfants de la classe ouvrière, avec possibilités de choix de formation, de poursuite d’étude. Côté personnels : véritables plan sociaux en perspective avec la fermeture de filières, reconversions forcées, attaque sur le statut et annualisation…

Mobilisons-nous pour obtenir l’abrogation des contre-réformes scolaires de l’ère Macron et celle de Parcoursup, pour obtenir des moyens matériels et humains, pour la hausse des salaires de l’ensemble des personnels, une hausse non conditionnée à des tâches supplémentaires !

A la CNT-SO nous pensons également qu’il faut transformer le lycée pro. Il faut retrouver les heures d’enseignement perdues avec les contre-réformes récentes. Il faut en finir avec l’individualisation des parcours. Même si nous combattons la soumission des LP aux besoins des patronats locaux, une réflexion sur la valorisation des formations est nécessaires : il faut développer des filières liées aux enjeux environnementaux et sociaux contemporains. Tout doit être fait pour encourager la poursuite et la réussite d’études. Il faut tout mettre en œuvre pour dégenrer les formations et combattre la reproduction des stéréotypes de genre.Si le lycée pro doit former les adultes de demain aux univers professionnels, tout comme elle doit donner à tous·tes les « humanités » dont ils et elles ont besoins ! Les élèves de LP ont également le droit (besoin) de philosopher, composer, admirer…

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Auto-évaluation, piège à … ? Auto-évaluation des établissements : anti-boîte à outils

L’auto-évaluation des établissements est vendue comme un outil vertueux de retour sur les pratiques, où personnels et usager·ères auraient enfin leur mot à dire sur le fonctionnement des établissements scolaires. C’est en fait un outil de contrôle et une pièce maîtresse des attaques libérales et managériales contre l’école publique. Nous appelons les personnels à s’y opposer collectivement. Petit guide pratique…

L’évaluation des établissements – kézako ?

Depuis 2020, chaque année, 20% des établissements du second degré doivent désormais se soumettre à un processus d’évaluation. Depuis 2022, cela s’applique aussi aux établissements du premier degré. Ce processus d’évaluation est fixé par des documents, établis par le Conseil d’évaluation de l’école (CEE). La direction de ce comité dit indépendant est assurée par une personnalité directement nommée par le Président de la République (à ce jour, Daniel Auverlot, ancien recteur de l’académie de Créteil) et il compte quatorze membres : des représentant·es du Ministère de l’Education Nationale, des « personnalités qualifiées » et des parlementaires (on notera la présence Cécile Rilhac, autrice de la loi du même nom sur les directions d’école, que nous combattons).

Ce processus d’évaluation se déroule en deux étapes : une phase interne, dite d’« auto-évaluation » au sein de l’établissement, puis une phase externe menée par des personnes extérieures à l’établissement, le plus souvent issues de notre hiérarchie. « L’auto-évaluation » dépend des modalités internes proposées par les chefs d’établissements (commissions etc.). Mais elle s’appuie principalement sur des outils normés et orientés (questionnaires, « boîte à outils »…), élaborés par le Conseil d’évaluation, auxquels répondent les élèves, les parents d’élèves, le personnel de l’établissement. Dans un deuxième temps, « le regard extérieur d’évaluateurs » compile les questionnaires et évalue sur cette base l’établissement, avant de venir présenter leur synthèse.

Les cycles d’auto-évaluation ont une durée de cinq ans, calquée sur celle des projets d’école ou d’établissement, dont ils sont censés être un point d’appui à la réalisation. 20% des établissements sont concernés chaque année. Nous sommes donc amenés à subir ce processus lourd tous les cinq ans.

A en croire le CEE et le ministère, tout ce processus est conçu comme un « mécanisme d’apprentissage collectif » : « l’établissement s’approprie la démarche, interroge son organisation et ses actions pédagogiques ».

Alors, laisse-t-on enfin la parole aux concerné·es ? Le ministère reconnaît-il enfin l’expertise des personnel·les de terrain ? Loin de là!

Le CEE – une instance politique et hors-sol

Le Conseil d’évaluation de l’école qui pilote les modalités et traitement des retours des établissements se réclame d’une transparence et d’une indépendance au-dessus de tout soupçon. Pourtant, les quatorze membres qui constituent le CEE sont dans une grande majorité désignés par des responsables politiques et les autres ont une forte proximité avec des instances privées. Dans tous les cas, le retour du terrain n’est aucunement relayé : aucun·e enseignant·e du premier ou du second degré en activité n’y figure.

Des outils d’évaluation orientés

Les outils proposés par le CEE sont très problématiques et révélateurs des objectifs réels de cette évaluation.

Les questionnaires

Prenons l’exemple des questionnaires à destination des professeurs, parents et élèves. Comme tous les écrits de type sondage, ils proposent des questions et des réponses fermées et orientées. Aucun espace pour des réponses ouvertes qui permettraient de nuancer, d’apporter des éclairages ou éventuellement de critiquer l’institution. Ces questionnaires ne laissent pas de place au dialogue et réduisent des expériences complexes et variées à des réponses stéréotypées. Quel poids peut avoir une auto-évaluation qui ne propose qu’un miroir déformant de la réalité que nous vivons au quotidien ?

Les questionnaires pour les élèves et les parents relèvent carrément de l’enquête de satisfaction. Sont-ils « pas du tout satisfait » ou « très satisfait » des contenus pédagogiques apportés ? A quand le boîtier pour voter avec un smiley à la fin de chaque cours ?

Les questionnaires à destination des personnels mettent en œuvre une rhétorique (pas si) subtile qui vise à renverser les responsabilités, et à faire porter le poids de manquements de l’institution sur les équipes éducatives : pourquoi nous demander si nous travaillons en groupe alors que les dotations dans le second degré les font disparaître depuis des années ? Pourquoi nous interroger sur la fréquence de notre travail avec les RASED dans le premier degré alors que les politiques ministérielles les ont considérablement diminuées ? Pourquoi insister sur nos pratiques informatiques quand la dotation informatique est très variable selon les collectivités de rattachement ? On y trouve également des questions intrusives sur les pratiques pédagogiques. Ce flicage déguisé est d’autant plus problématique que les données sont collectées sans demande de consentement, et sans transparence quant à leur utilisation.

Pour autant nous ne refusons pas de revenir sur nos pratiques pédagogiques, ni de partager ces expériences avec nos collègues ou d’autres observateurs dans une pratique collégiale. Mais difficile de ne pas voir autre chose que de la poudre aux yeux dans cette démarche qui « laisse la parole aux acteurs » mais fait soigneusement l’impasse sur la question des moyens. S’il faut faire un diagnostic des dysfonctionnements de l’éducation nationale, les enseignant·es le font déjà depuis des années. Ce qu’il nous faut, c’est un large investissement dans nos locaux et des moyens humains et techniques !

A contrario de ce processus normatif et managérial, nous avons besoin d’un renforcement des pratiques coopératives et collégiales dans la gestion et l’organisation pédagogique. La CNT-SO revendique pour tous·tes l’intégration dans nos services d’espaces de concertation pédagogiques, de retour de pratique et une vraie formation continue. Construisons collectivement une pédagogie au service de l’émancipation de nos élèves !

Questionnaires – morceaux choisis

Tu es élève ?

« Sur une échelle de 1 (très mauvais) à 5 (très bon) comment estimes-tu le soutien des enseignants ? »

« La quantité de travail de travail est selon toi : pas assez grande/bonne/trop grande ? »

Tu es prof ?

« Au cours des douze derniers mois, à quelle fréquence avez-vous :

– échangé entre enseignants d’une même classe pour fixer des objectifs ou méthodes communes ? – mis en place des projets avec des partenaires extérieurs ? »

Les « boîtes à outils »

Le CEE propose également des « boîte à outils », qui proposent « des pistes de réflexion et de questionnement ». Il s’agit d’un dispositif fourre-tout où le pédagogique, le structurel, les « ressources humaines » ou encore les relations avec la hiérarchie sont allégrement mélangées. Mais le détail des « questionnements » proposés nous éclaire sur l’objectif.

Dans la boîte à outils à destination du premier degré, on retrouve par exemple de nombreux indicateurs correspondant aux politiques ministérielles auxquelles nous nous sommes opposées ces dernières années : évaluations nationales normées, adhésions à des dispositifs ministériels aujourd’hui intégrés dans le PACTE : stage de réussite, vacances apprenantes…

Dans le secondaire, il est recommandé d’étudier le dialogue social au sein de l’établissement, en observant « la mobilisation de l’heure de vie syndicale » et en proposant une « appréciation sur sa qualité et son impact ». On conseille également d’observer les absences des personnels ou les « protocoles de d’organisation pour assurer la continuité de l’enseignement », au cœur du nouveau dispositif managérial du PACTE.

Il s’agit dont clairement de fournir aux chef·fes d’établissement un réserve d’outils managériaux et d’axes de contrôle des personnel·les.

Une nouvelle étape dans la managérialisation de l’éducation

Cette influence de la culture managériale est évidente dans les documents d’appui proposés par le CEE, avec des glossaires qui virent à la caricature de la novlangue technocratique ! On y distingue « efficience » et « efficacité », on y parle « reddition de comptes », « cahier des charges », de « démarche d’assurance qualité » et « triangulation ».

On y trouve des perles comme ce schéma qui résume la démarche de l’évaluation :

Alors, on pourrait voir toute la démarche comme un dispositif pompeux, mais au final, un peu inoffensif : basé sur le volontariat, non contraignant. Tous les documents du CEE le répètent : l’évaluation « n’a pas vocation à normer ». Un éléphant qui accoucherait d’une souris ?

Mais il ne faut pas se méprendre. Le vocabulaire, les concepts clefs de l’évaluation font écho à ceux utilisés dans de nombreux dispositifs récents de mise en concurrence des établissements, qui ont eux des conséquences claires en termes de salaires ou de moyens mis à disposition des établissements.

  • La loi Rilhac introduisant une autorité fonctionnelle des directions d’école et un entretien d’évaluation portant sur « la mission spécifique de directeur d’école et sur ses conditions d’exercice », tous les 3 à 5 ans, au même rythme que l’auto-évaluation…
  • La part modulable de la prime REP+ dans les collèges
  • Les CLA dans les lycées
  • Les postes à profil de plus en plus souvent imposés dans les primaires REP+
  • Et tout dernièrement, le « Pacte »

Tout cela signe une individualisation des carrières des personnels et une autonomisation croissante des établissements, dans un climat de concurrence pour les moyens et rémunérations, aboutissant à un système éducatif à plusieurs vitesses. Nous devons articuler cette lutte à celle contre toutes les dérives managériales de l’école et en particulier contre le Pacte, dont les « briques » reprennent de nombreux points de l’auto-évaluation.

Comment on résiste ?

  • On boycotte ! Un rappel simple : cette concertation se fait sur la base du volontariat : aucun·e chef·fe ne peut vous imposer de remplir un questionnaire d’évaluation. Refusons ces outils biaisés et leur logique pernicieuse.
  • On détourne ! Utilisons les temps de concertation prévus pour l’évaluation comme des moments pour faire remonter nos vraies revendications, des moyens et des postes, un allégement de nos services afin de dégager plus de temps de concertation pédagogique !
  • On mobilise ses instances ! Dans le premier degré, gardons la primauté des prises de décision au sein des conseils des maître·sses et du conseil d’école. Dans le second degré, les établissements disposent d’instances de représentation aux attributions précises, sur lesquelles le dispositif d’évaluation tente d’empiéter. Plutôt que des questionnaires fourre-tout venus d’un conseil hors-sol, réclamons des temps de concertation au sein de nos instances : CHS, CVL, CVC…

Ne cédons pas aux pressions culpabilisantes venues d’en haut ! Nous ne refusons pas la concertation, nous ne refusons pas de réfléchir à nos pratiques. Nous refusons de le faire sur la base d’un outil managérial dont le sous-texte fait porter des dysfonctionnements systémiques sur les personnels. La CNT-SO revendique un grand plan d’urgence pour l’école et de vrais moyens, humains et matériels. « N’autre école » nous la voulons émancipatrice, égalitaire, réellement inclusive.

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« Il n’y a pas d’évaluation purement « scientifique » des établissements scolaires. L’évaluation d’un établissement est une pratique sociale qui consiste à construire une représentation de sa valeur par rapport à d’autres établissements comparables, à une norme abstraite ou à des objectifs choisis ou assignés. Certes, l’évaluation peut emprunter à la méthode scientifique une partie de ses instruments, de ses démarches, de sa rigueur. Elle se pare alors d’une rationalité, donc d’une légitimité qui, en apparence, accroissent sa neutralité. Ce qui sert, qu’on le veuille ou non, les intérêts des acteurs auxquels une représentation réputée « inattaquable » de la réalité donne des arguments supplémentaires. »

L’évaluation des établissements scolaires, un nouvel avatar de l’illusion scientiste ?, Philippe Perrenoud, 1994